La Linea: l’ancêtre du vidéo scribing
Osvaldo Cavandoli, précursseur du draw my life est un auteur de dessins animées très connus des années 1970 qui s’appelait La Linea. C’est en quelque sorte notre père spirituel, il nous a fasciné par son dessin simple et très évocateur. En tant qu’agence spécialiste de videos explicatives dessinées, de video scribing et de draw my life, il est une référence absolue.
La linéarité, une émission reposant sur le trait :
La Linea est une série télévisée d’animation
Le comique vient de son caractère râleur et parfois moqueur tout en restant attachant. Il se déplace sur une ligne horizontale qui n’a de limite que la volonté du crayon du dessinateur. Ce type de bonhomme a la simplicité d’un bonhomme bâton tout en étant très expressif. Comme dans le videoscribing: le dessinateur dont on ne voit que la main reste présent tout au long du film. Quand il se retrouve devant un problème, le personnage appelle le dessinateur qui ajoute, au fur et à mesure, les éléments du décor ou des accessoires; crée des obstacles. À la fin de l’épisode, le dessinateur le laisse souvent tomber dans le vide.
Le comique de cette série de films dessinés tient au langage particulier de Monsieur Linea qui est un mélange de mots, d’onomatopées et de bruitages interprété par Carlo Bonomi.
Nous avons traduit l’interview qu’Osvaldo Cavandoli a donné dans le documentaire “Un Artigiano dell’Umorismo” (2000), documentaire sur Osvaldo Cavandoli, createur de La Linea par http://www.pierotonin.com
L’auteur de la Linea
Osvaldo Cavandoli est un italien de la région des lacs. il est né au lac de Garde et a grandi à Milan. Il commence sa carrière de 1938 à 1940 comme dessinateur technique pour les automobiles Alfa Romeo. En 1944, il répond à une annonce parue dans un journal, et rejoint l’équipe de Pagot Films (Nino Pagot qui sera le créateur de Caliméro). Il découvre l’animation et collabore à la réalisation de plusieurs films d’animation dont I fratelli Dinamite , le premier film d’animation italien.
En 1950, il crée une entreprise de production de films de marionnettes animés: Pupilandia. Entre 1950 et 1957 cette société de production diffuse une quinzaine de films publicitaires pour le cinéma, parmi lesquels Pinocchio, Laggiù nel Far West, La piccola guerra et Il nuovo Cappuccetto Rosso.
En , il écrit un premier scénarimage avec un personnage nommé M. Mark, figure solitaire qui naît et vit dans une seule ligne blanche; et le propose à la régie publicitaire de la RAI. Massimo Lagostina, propriétaire de la fabrique de casseroles du même nom, en fait le héros de sa campagne publicitaire. Cavandoli réalise pour La Linea Lagostina 35 films publicitaires d’une durée de 2 min 30, utilisant la voix de Carlo Bonomi, qui grommelle avec un accent milanais.
Le succès est au rendez-vous: La Linea reçoit des premiers prix dans les meilleurs festivals d’animation, comme les festivals d’Annecy et de Zagreb. En 1973, un livre, La Linea, est publié chez Bompiani. En 1975, les dessins de La Linea sont publiées dans Il Giornalino, un journal de BD. En France c’est Pif Gadget qui les publie sous le titre la Ligne. À partir de 1977, La Linea disparait des chaines de télévision italiennes en même temps que nait son succès international, en particulier en France où elle est diffusée sur TF1 dans l’émission de télévision pour les enfants: L’ile aux enfants.
En parallèle, Osvaldo Cavandoli poursuit sa carrière en tant qu’illustrateur pour des sociétés d’édition produisant des revues, calendriers, affiches, livres… Osvaldo Cavandoli meurt à Milan le
Interview
“Un jour, j’ai trouvé une annonce dans le journal et parce qu’il y avait de longues séquences à terminer qui étaient Les frères Dynamite. J’ai pris rendez-vous pour faire un essai, suite à quoi j’ai été embauché. J’ai commencé le travail, au début comme apprenti: c’est là où j’ai appris la technique. À l’époque, l’animation se faisait avec des marionnettes. Le matériel était une structure métallique et toutes les parties qui correspondaient aux articulations du corps humain étaient faites avec du fil de plomb. Le fil de plomb permettait de plier les articulations sans qu’elles reviennent au point d’avant tout en restant fixes. L’ensemble était recouvert de caoutchouc mousse. Ainsi, le personnage pouvait bouger, lever les bras, tourner la tête, se plier. Il était articulé, vous voyez, c’était un vieil homme qui parle comme au cinéma dans les vieux films. Avec ce personnage la place de ses lèvres changeait en fonction des syllabes: chaque syllabe avait une position de la bouche différente. Les positions de bouche se fixaient avec un aimant pour le faire parler. Ainsi image par image, on faisait pivoter la position, pour donner l’impression qu’il se déplace. Ensuite, je me suis lancé dans l’animation du cheval. Pour les jambes du cheval, il y avait des numéros de position que l’on enchainait pour donner un sentiment de réalisme. J’ai aussi réalisé des films d’animation comme Pinocchio de Collodi. L’idée de La Linea était pour moi une synthèse du cinéma d’animation. Je travaillais sur un film de commande pour l’agence Langostina et le directeur artistique qui était passionné d’art m’a demandé de retravailler mes dessins pour faire quelque chose de plus épuré, c’est ainsi que j’ai créé la Linea. L’idée du personnage et de l’animation s’est aussi ensuite développé avec la complicité de Carletto Bonomi qui faisait la voix de mes dessins animés.”
Carlo Bonomi: “L’idée de la Linea est née avec moi; elle est née quand j’étais petit, j’amusais mes amis en parlant avec cette petite voix en disant aussi quelques gros mots. Je jouais un peu le gamin de banlieue”.
Osvaldo Cavandoli: “Au début, je faisais mes dessins un par un puis je les filmais image par image sur pellicule. Maintenant, je continue à les faire de manière traditionnelle puis je les scanne et les importe sur ordinateur pour colorisation.”
Sémiologie de la Linea
Dans une étude de sémiologie
Espressioni Lineari. Semiotica dell'”Episodio 113″ di Osvaldo Cavandoli écrite par Alessandra Pozzo sur les films en dessins du créateur de la Linea on peut lire l’analyse suivante sur le langage du personnage :
“L’étirement horizontal fait apparaître le petit homme de La Linea, créé par Osvaldo. En fait l’écran n’offre qu’une barrière fictive car la ligne s’étend dans un continuum presque infini où naissent les personnages et les environnements qui composent les séquences des épisodes. La seule exception à ce continuum est l’intervention de la main du dessinateur, qui apparaît de temps en temps, et qui fonctionne comme une aide ou un empêchement. Elle vient tantôt pour dessiner un nouvel objet ou un personnage qui interagit avec le personnage de la Linea, ou effacer le sol sur lequel le personnage se déplace.
Contrairement aux dessins animés classiques “style Disney”, la Linea permet au spectateur de se focaliser davantage sur le design sonore. Mais comment nommer la langue confuse avec laquelle M. Linea s’exprime ?
Le terme le plus adapté serait celui de grommellement. Ce langage grommelé par le petit homme de La Linea est sur le plan de l’expression constitué d’un flux sonore non segmenté en mots. Pour une observation superficielle, il semblerait que ce soit une manifestation vocale dépourvue de sens véritable, mais il s’agit en fait d’une substance sonore composée de manière élémentaire par rapport à la complexité des langues naturelles. Le langage de M. Linea donne ainsi l’impression d’être confus, bien que construit avec certains éléments du dialecte milanais.
À ce stade, il est nécessaire de s’interroger sur l’adéquation communicative de la grammaire, car en tant que langue inarticulée, elle semble imperméable à toute attribution sémantique. Dans l’imbrication des animations de La Linea, le protagoniste communique pourtant avec succès avec les personnages qui font partie du monde narratif; de plus, le marmonnement du petit homme semble particulièrement efficace pour communiquer avec la “Main” du dessinateur, vers laquelle il est souvent tourné.
La curiosité du spectateur se manifeste de la manière suivante: il est invité à participer au film, en essayant de comprendre le mode de communication du petit bonhomme, malgré la première impression d’ambiguïté linguistique. L’utilisation de l’intonation, et les inflexions vocales vont dans ce but.”
Nous espérons que cet article vous aura intéressé et enrichi votre connaissance de l’histoire du video scribing, draw-my-life et autres videos explicatives dessinées. En tant qu’agence de production de vidéos explicatives il est important de connaître et de s’inspirer des créateurs importants dans le domaine.